Ascension mortelle ? [PV Pandaiko-sama]

One, Two, Three, partez ! C'est une phrase motivante comme ça que Karuta aurait voulu crier en partant de chez lui, un bras levé, le poing fermé, un sourire de bogoss aux lèvres. Malheureusement, il ne pouvait pas faire ça : son visage n'était pas fait pour sourire, il était incapable de crier fort, et s'il levait le bras, avec le talent qu'il avait, la moitié de ses objets allaient se ramasser par terre dans le mouvement. Somme toute, c'était un départ assez calme pour le jeune garçon, qui l'était tout autant. La plupart des dresseurs se montraient plein d'entrain lorsqu'ils quittaient leur demeure pour filer à l'aventure, mais lui n'était pas du genre à se faire remarquer. Au sens propre du terme, d'ailleurs : on arrivait à l'oublier, à ne pas se rendre compte de sa présence, et ce malgré ses cheveux bleus, une caractéristique physique qui est loin d'être ordinaire. La marche allait être longue, c'est pourquoi Karuta partit sur un rythme régulier, les mains dans les poches de sa veste, le regard sérieux, l'ombre d'un sourire semblant orner ses lèvres.

Karuta se demanda quand est-ce que la poisse avait commencé à le rattraper : lorsqu'il avait commencé son voyage, ou quand il était arrivé au pied de cette montagne. Cette gigantesque montagne, bien trop grande pour qu'il puisse l'escalader tout seul. Bien sûr, il y avait un chemin pour qu'il puisse monter sans problèmes, mais l'épreuve restait quand même bien trop dur pour qu'il puisse la surmonter seul. C'est alors que le garçon se remémora la réplique d'un grand philosophe en chemise hawaïenne, pour se donner le courage de grimper ce que l'on nommait la Montagne victorieuse : « Eh bien Robin, on va s'faire les mollets ! ». Ainsi, dans un nouvel élan de courage, le garçon fronça les sourcils et entama une longue route en direction du sommet de cet endroit. Malheureusement, faiblard qu'il était, Karuta savait qu'il ne pourrait pas effectuer toute la montée sans faire de pauses. Toutefois mes amis, lorsqu'on est dans le monde des Pokémons, il ne faut jamais abandonner, c'est pourquoi le garçon aux cheveux bleus entama l'ascension.

Finalement, après quelques minutes à grimper sans cesse sur cette montagne victorieuse, Karuta n'était plus si victorieux. Il était essoufflé, il avait mal aux pieds étant donné qu'il avait eu le bon sens de marcher sur la caillasse et les endroits les plus difficiles d'accès et de traverse. Ce n'est pas que le jeune dresseur avait envie de se rendre la tâche plus compliquée, mais sa poisse naturelle était telle qu'il atterrissait toujours au pire endroit possible. Bien évidemment, le chemin qu'il avait pris était tel que le sentier traversant la montagne ne se trouvait pas dans son champ de vision lorsqu'il était arrivé au pied de celle-ci. De ce fait, c'est seulement au sommet de celle-ci que Karuta put constater l'étendue de sa bêtise, et accessoirement l'endroit qui aurait pu le mener en quinze fois moins de temps à son but. Heureusement, le garçon remarqua un objet ô combien incroyable sur le sommet : un rocher, sur lequel il s'assit ! Reprenant son souffle, Karuta observa son unique Pokéball et esquissa un léger sourire, pensant à voix haute :

« Au moins, toi, tu ne me laisseras pas. »

Let's get out of this town, baby we're on fire ; Everyone around here seems to be going down, down ; If you stick with me, I can take you higher, and higher ; It feels like all of our friends are lost ; Nobody's found, found, found ~

Arrêt. D’un air concentré, je fixai l’énorme chose qui m’avait été cachée par les hauts arbres de la région et me barrait, à présent, le chemin. Une montagne. Penchant la tête sur le côté, je me demandai comment j’avais pu la louper. Tout en restant la plus calme possible, je sortis la carte et la boussole que l’on m’avait soigneusement conseillé d’utiliser ; conseils que je n’avais évidemment pas suivi à cause d’un sens de l’orientation désastreux. Le feeling, y’a que ça de vrai. Certes, pour l’instant, c’était très mal parti …

Après quelques minutes de silence, je soupirai. Perdue. J’étais totalement perdue. J’avais beau tourner cette fichue carte dans tous les sens, secouer et mordre ma boussole : les arbres, la mousse & la montagne ne me permettaient pas de retrouver la route. Heureusement, je ne cédais jamais à la panique lorsque ceci m’arrivait, j’étais parfaitement détendue, voire un peu trop. De plus, il faisait encore parfaitement jour et aucun Pokémon de type insecte ne rodait aux alentours. La situation n’était donc pas alarmante. Pour l’instant. Grognement.

« Pfffff. J’ai faim ! »
Je fis une boule avec ma carte et m’adossa contre un arbre. Un froissement de feuille se fit entendre sur ma gauche. Pas besoin de me tourner pour savoir qu’il s’agit de Taku, mon fidèle Caninos. Depuis que nous étions partis, je l’avais laissé gambader à son aise pendant que je chantonnais en prenant en photos de nouveaux paysages. Changer d’air me faisait du bien. Ma ville natale avait beau être dynamique, j’avais l’impression d’être constamment enfermée et des souvenirs déplaisants me revenaient sans cesse. A présent, j’allais pouvoir découvrir des routes parsemés de tagadas sucrés et d’arbres en forme de barbe à papa. Breeef, la route avait été longue mais sans encombre. Un simple moment d’absence m’avait fait dériver du chemin. Lorsque j’étais sorti de mes pensées remplies de sucreries, je m’étais donc retrouvée face à ce géant bloc de pierres.

« Tu penses qu’on doit l’escalader ? On pourrait se situer si on grimpe un peu, tu ne crois pas ? J’ai pas confiance en cette carte.»
Regard mauvais sur ladite carte. Taku me fixa en grognant. Flemme total. On avait tous les deux mal aux pieds et nos réserves de nourriture étaient parties plus vite que nous le pensions. Tch. Dépliant la carte, précédemment froissé, je la regardai avec plus d’attention. Save me plz.

« Montagne victorieuse. »
Tandis que j’annonçais le nom de la montagne à voix haute, le jeune Pokémon s’en approcha tout en reniflant le sol. Toujours repérer les lieux avant de prendre une importante décision. Finalement, il se décida à grimper. Je souris.

« Tu veux affronter la montagne finalement ? »
Un nouveau grognement me fit rire. Taku changeait souvent d’avis et on ne pouvait jamais prévoir ses actions en avance. C’était un des traits que j’appréciai chez lui. Me redressant, je le suivis et commençai mon ascension. Ascension qui se révéla bruyante à cause à la fois du bruit d’agonie de mon ventre, du clic de mon appareil photo et des grognements de Taku qui, s’il en avait la force, aurait défoncé la montagne. Tout à coup il s’arrêta, une oreille levée, en alerte.

« Hm. Qu’est ce qu’il y a ?»
Il tourna la tête pour fixer un endroit vers le sommet de la montagne. Prenant mon appareil photo, je zoomai pour mieux voir le lieu. Oh. Nous n’étions pas seuls. Une espèce de touffe bleue avait attiré l’œil expert de Taku. D’un commun accord, nous nous approchâmes de la chose sans réelle discrétion. Notre principal objectif étant de retrouver notre chemin, nous nous fichions totalement de savoir si la situation allait être dangereuse ou non.

Un homme. (Roh, ça pouvait pas être une fée des montagnes ? ;w;) Je pouvais le voir clairement à présent, du moins, je ne pouvais voir que son dos. Je m’arrêtai à une distance raisonnable, le Caninos à mes côtés. Reprenant rapidement mon souffle, je dis à haute voix :

« EH TOOOOOI ! T’as pas à manger ? »
Oui bon, j’aurais pu lui demander le chemin aussi. Mais je ne peux pas être dans mon état normal avec le ventre vide.

Every now and then, the stars align ; Then they'll meet by the great design ; Could it be that you and me are the lucky ones ~

Être dans la merde (expr. f.) : Terme familier utilisé communément par les jeunes, en général, pour désigner une situation peu confortable dans laquelle ils n'aiment pas se retrouver. C'était exactement ce que Karuta aurait aimé dire actuellement, si son souffle n'était pas saccadé au point qu'il en ait du mal à aligner deux mots. D'une faiblesse corporelle sans précédent, le garçon aimait pourtant le sport : il en pratiquait très souvent, mais à voir l'état dans lequel il était après seulement un peu de marche, on pouvait penser que ce n'était pas le cas. Soit le jeune homme mentait réellement sur ses activités, soit son niveau de progression en la matière était réellement de zéro, et cette seconde proposition ne l'aurait pas étonné en outre mesure. Le garçon soupira, désespéré lui-même par sa propre faiblesse, et jeta sa Pokéball pour en laisser sortir son compagnon : un fidèle Caninos. L'ami le plus cher qu'il avait, à l'instar de Ryu, à qui il avait fait la promesse de devenir Maître Pokémon - et du fait de la réciprocité de la promesse, son rival.

Caressant la tête de son ami tout en lui souriant, Karuta entendit une voix féminine non loin de lui, et tourna la tête en direction de sa provenance. C'était plutôt une sorte de cri, qui poussait les cordes vocales de la demoiselle à son original en leur limite, faisant tirer le son qu'elle avait créé vers les graves, et laissant peser le doute du garçon quant au sexe de sa nouvelle interlocutrice. Il posa sur elle son regard bleuté, laissant paraître une poker face, ce qui n'avait rien d'étonnant, quand on connaissait un peu le jeune homme. La question de la jeune femme se porta sur la nourriture, un réflexe que le jeune Fujiyama aurait également eu dans une telle situation. Lorsqu'on escalade une montagne aussi grande par une journée d'une telle chaleur - quoique cette dernière pouvait également causer des hallucinations au jeune Dresseur Pokémon, il n'y a rien de plus agréable que de manger un bon repas afin de reprendre des forces. Aussi, afin de répondre à son interlocutrice qui semblait de trèèès bonne compagnie, il lança :

« Je suis désolé, mais je n'ai rien sur moi. »

Sur un ton des plus neutres, le jeune homme avait répondu. Toujours insensible, ou tout du moins, il semblait l'être en vue de l'expression de son visage, il avait cependant également très faim. Il était bien trop fatigué pour espérer bouger de la place qu'il avait trouvée, et se contentait de regarder la demoiselle. Pendant ce temps, son Pokémon, Tetsu, se dirigea vers celui qui accompagnait la jeune femme. Les deux Caninos étaient désormais face à face, et fort heureusement, ce n'était pas pour un affrontement.

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